« Minuit moins cinq sur l’horloge de l’Apocalypse » Par J.Leander

Bonjour les amis !

C’est en quelque sorte des retrouvailles aujourd’hui ! Car après avoir découvert son recueil « Fallait pas buter Rox » j’avais très envie de savoir ce que J.Leander nous proposerait dans le futur. Et le futur est là, car « Minuit moins cinq sur l’horloge de l’apocalypse » vient tout juste de paraître aux éditions Humbird&Curlew.
Attention cependant, ce n’est pas un livre pour tout le monde ! Recommandation 16+

Avant-propos : Vous me connaissez, j’aime la transparence. Donc oui Humbird&Curlew est responsable de la publication des recueils du collectif « Les Indés Lébiles » dont je fais partie.
Pour ma part cela ne change strictement rien, comme toujours c’est sur un livre que je braque ma lunette et pas sur l’à côté. Ce SP s’est donc déroulé dans les mêmes conditions que tous les autres.

L’auteur.

J.Leander est issu d’une souche terrienne tout à fait classique, rien ne le destinait à écrire des textes aussi perchés. Au seuil de ses trente printemps, il a fait éditer son roman « minuit moins cinq sur l’horloge de l’apocalypse » et a contribué à plusieurs recueils de nouvelles collaboratifs entre 2014 et aujourd’hui.
Il aborde des thèmes sérieux, mais toujours saupoudrés d’un humour caustique oscillant entre le noir et l’absurde, cherchant à dénoncer dans ses textes des mécanismes sociaux délétères qui broient les individus au point d’en faire des monstres. S’il écrit principalement pour des lecteurs avertis (plutôt deux fois qu’une !), il affiche parfois un style plus grand public.

Biographie de l’auteur extraite du livre.

Le synopsis.

Ingénieur talentueux au sein d’une entreprise d’armement, Sébastien Astopol mène grand train. Il semble ne manquer de rien jusqu’à ce qu’une simple échographie vienne bouleverser l’équilibre de sa vie bien rangée…
J. Leander vous invite à vous mettre dans la peau d’un être abject, à penser comme lui, à agir et à sombrer comme lui. Et qui sait ? Peut-être vous ressemble-t-il plus que vous ne le croyez.



L’histoire.

Vu de l’extérieur, beaucoup jalouseraient la vie de Sébastien Astopol. Ingénieur en armement chez WhipOn Enterprise, il est bien vu par son patron Lars Larsson, gagne des sommes astronomiques, vit dans une belle demeure, conduit une magnifique Audi et sort dans des soirées mondaines avec une belle Italienne aux tendances nymphomaniaques.
Néanmoins, il y a quelques ombres au tableau. Imbu de lui-même, seule sa progression dans l’échelle sociale l’intéresse, qu’importe les moyens pour y parvenir. C’est en partie ce que lui avait reproché Eireen lors de leur rupture, en plus de sa façon d’être et de penser ainsi que ses infidélités répétées.

Une nouvelle journée commence, et c’est le début des ennuis ! Perdant quelques minutes à virer Al, un SDF dormant devant son garage, Sébastien arrive en retard pour prendre son collègue et meilleur ami : Patrick. Bagarreur compulsif, ce dernier n’hésite pas à sauter de la voiture en reconnaissant au feu rouge une vieille dame ayant accroché sa voiture quelques jours plus tôt. Malheureusement pour Patrick celle-ci possédait un Dezinguer BX3000 (meilleure vente de l’année, et création de Patrick chez WhipOn Enterprise). L’altercation tournant en sa défaveur, Sébastien n’eut d’autre choix que de conduire Patrick à l’hôpital malgré la grosse réunion qui devait se tenir ce matin-là.
Dans la salle d’attente des urgences, Sébastien consulte ses mails et tombe sur celui d’Eireen qui lui a envoyé une image qu’il peine à reconnaître.

Le lendemain, Sébastien arrive dans les locaux de WhipOn et constate qu’on lui a pris sa place de parking. Et cette personne n’est autre que Ulysse Milos, ingénieur en armement dans une entreprise concurrente. La réunion — reportée à cause de l’absence de Sébastien la veille — se déroule enfin et Lars Larsson fait sa grande annonce : en plus d’avoir débauché Milos, l’entreprise est en concurrence pour répondre à l’appel d’offres « EcoDeath » du ministère de la défense, le projet : concevoir une arme de destruction massive sans qu’il n’y ait d’impactes environnementaux. La lutte est ouverte, pour Sébastien il est hors de question que Milos (alias « l’enculeur de lamas ») conçoive une arme avant lui !
Suite à la réunion, Eireen arrive dans le bureau de Sébastien pour discuter de la fameuse photo envoyée la veille, celle de son échographie. Il tente de faire bonne figure, mais intérieurement Sébastien enrage de savoir que Manuel, l’affame prolétaire, le simple manutentionnaire, ait pu mettre enceinte la seule femme qu’il ait aimée de sa vie.

Envoyé par Larsson une semaine en vacance au Brésil aux frais de la princesse, Sébastien rumine toutes ses mésaventures. Entre Milos qui gagne du temps sur le projet EcoDeath et l’échographie d’Eireen, impossible de se détendre ! Et malgré la présence de Fiorentina — la belle Italienne qu’il ne supporte que pour leurs ébats, encore que là aussi cela lui devient déplaisant — il ne parvient pas à faire abstraction. Un nouveau mail d’Eireen arrive et c’est la goutte de trop, selon lui elle fait cela uniquement pour l’humilier et lui nuire. Et cela ne peut pas rester ainsi. Il doit changer cette situation, écarter Manuel et reconquérir Eireen.

Se disputant avec Fiorentina, Sébastien finit par se saouler et dormir sur une plage. À son réveil, chaussures et portefeuille avaient disparu. Fulminant de rage, il décide d’écourter les vacances, ce qui n’est absolument pas au goût de Fiorentina. Et cette dernière n’est pas au bout de ses peines ! Désireux de sauvegarder les apparences, Sébastien lui impose de rester chez lui tout le restant de la semaine. Mais la situation va vite dégénérer…

Comment Sébastien se sortira-t-il de cette impasse ? Parviendra-t-il à reconquérir Eireen ? Ou bien la spirale infernale se refermera-t-elle sur lui ?

Mon avis.

Sébastien Astopol est détestable à souhait. Arrogant, irrespectueux, superficiel, il cumule presque tous les défauts ! En somme on pourrait le voir comme l’archétype du parfait connard. Pourtant, il y avait une petite lueur d’espoir avec Al, un SDF qu’il laissait dormir devant son garage et à qui il faisait l’aumône de temps à autre. On se disait que tout n’était pas perdu.

Comme Sébastien le constate lui-même, il convoite ce qu’il ne possède pas et se désintéresse de ce qui lui appartient. Sa relation avec Eireen le démontre parfaitement, elle ne l’a jamais autant intéressé qu’une fois devenue inaccessible, entichée d’un autre que lui et enceinte de surcroît ! Pour lui ce ne sont que des coups bas de la part d’Eireen. Son égocentrisme ne lui laisse pas voir l’important.


Dans son livre au franc parlé quelque peu provocateur, J.Leander fait de Sébastien le représentant d’une classe sociale débridée où le paraître est roi, la moralité fluctuante devant le profit, et où la bassesse se montre de rigueur pour survivre et s’accaparer des objets de convoitise.
L’activité elle-même de Sébastien en est un parfait exemple : on fabrique des armes, mais on n’est pas responsable de leur utilisation. Blanc comme neige malgré des mains couvertes de sang.
Il y a dans les propos des personnages toute une réflexion sociétale sur l’opposition des classes, les « ultra-riches » et les « prolétaires ».

Sébastien nourrit une telle obsession pour Eireen et une haine profonde pour ce qui l’entoure qu’il en perd toute rationalité.
Je dois reconnaître que c’est un personnage qui m’a percuté. Son immoralité, sa façon de déformer la réalité pour l’adapter à son avantage, cela à quelque chose de fascinant. Penser que ce qu’il lui arrive se déroule à cause de son ex et trouver cela parfaitement logique relève certainement d’une pathologie mentale. Pourtant on le suit avec une grande facilité dans ses délires et ses sombres manigances. Finalement la promesse faite par l’auteur dans son synopsis est tenue, on se glisse dans sa peau et on sombre avec lui !



En conclusion.

Clairement « Minuit moins cinq sur l’horloge de l’apocalypse » est un livre qui prend plaisir à envoyer valser les bonnes manières !
Entre les insultes très imagées (si on faisait la liste, on pourrait dire que Milos a forniqué avec tout un zoo !)et toute la bienveillance (vous devinez le sarcasme) de Sébastien envers Fiorentina, n’escomptez pas trouver ici une belle histoire !
Non, là on est dans le thriller psychologique qui tache et souille ses personnages tout en éclaboussant le lecteur.

Comme je vous le disais au début de cette chronique, ce n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains ! Mais si vous franchissez le pas, vous constaterez qu’il y a dans les abysses de Sébastien beaucoup de choses qui se reflètent en chacun de nous…

La question se pose : oserez-vous vous « glisser dans la peau de cet être abject » ?


Carte d’identité du livre.

Titre : Minuit moins cinq sur l’horloge de l’apocalypse
Auteur : J.Leander
Edition : Humbird&Curlew
Date de parution : mai 2020
Nombre de pages : 203
ISBN : 9782956646624
Obtention : Service Presse (?)

Disponible en papier et ebook sur le site de l’éditeur : Humbird & Curlew

Également disponible en broché et ebook chez La Fnac : livre.fnac.com ainsi que sur amazon.fr


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